Rayons de soleil. Le jour est lumineux et doux. Depuis quelques jours, la grisaille et le vent s'étaient installés. Quelle agréable surprise ; et s'ancre la poésie des jours meilleurs.
Je me prépare à rejoindre la côte. C'est rare que j'y aille seule. Alors c'est assez agréable de prendre des airs de voyageur solitaire. Toutefois, mon but du jour est d'aller à la rencontre d'une dame. Artiste et ancienne enseignante, elle s'est installée à la mer depuis plusieurs années. J'ignore tout d'elle et surtout, n'ai aucune de ces œuvres. Intriguée dès lors.


Dans le train, ma lecture s'attarde sur un dossier portant sur Marguerite Yourcenar (1). Mon attention est portée sur le "koan zen" (2), élément bouddhiste que l'auteure utilise dans l'ouverture de "Labyrinthe". Qu'est-ce donc que cette démarche "scolastique" dont elle parle ?
Par intermittence, mon regard se laisse attrapé par le paysage le long de la voie ferrée ... Le soleil y caresse les prés, les vaches au repos, les arbres dressés dessinent des fantaisies sur le fond bleu du ciel.

Puis soudain la mer. Voilà Ostende.
Mon voyage se poursuit à bord du tram qui longe la côte, jusqu'à La Panne. La lumière est intense, l'air est doux et allégé de toute impureté. Les dunes se montrent et puis se cachent. Je ne vois pas les immeubles, je ne vois pas les maisons. Ce qui m'importe c'est la mer, la plage, l'herbe folle qui surgit du sable. Puis...le chant des vagues et des oiseaux. Je veux bien me perdre un peu dans ce décor, sillonné seulement que par quelques personnes à pied ou à cheval. Je profite de la douceur du jour, de la lumière et de la mer...

Rendez-vous à La Péniche, m'a-t-elle dit. Je vais à sa rencontre. Elle est venue en voiture avec sa chienne berger allemand, Ikko. Nous embarquons vers sa maison, non loin de là.
Ce n'est pas bien grand, rempli de livres et de tableaux. Elle me propose un café que j'accepte volontiers. Ikko n'a pas encore fini de me faire la fête. Puis s'assied près du poêleà bois. Je prends une chaise près du bureau et la dispose en face de la sienne, à sa table. Nous parlons de son parcours en tant qu'artiste. La peinture, la gravure surtout. Qu'elle n'a jamais conçu son travail dans une optique carriériste et commerciale. De plus, évoluant au gré de coups de cœur, de chemins pris instinctivement ; il y a peu de cohérence apparente dans ces réalisations, permettant difficilement de reconnaître sa patte, son style. Une erreur, dit-elle.
Après cet échange, elle me propose d'aller dans sa véranda, son atelier. C'est une pièce toute en longueur, échelonnée de tables garnies de matériels pour la peinture et pour la gravure, de meubles à larges tiroirs, et de toiles posées au sol et sur des chevalets. Je vais à la rencontre de ses tableaux et gravures qu'elle me montre au fur et à mesure. Il y en a tant. Elle ouvre un tiroir et apparaît une plaque de cuivre gravée d'un long paysage côtier au-dessus de fardes pleines de gravures de tailles diverses. Ce sont là des paysages de la côte ; des marais, des arbres, des bateaux, la mer. Le format se plie au sujet : plus horizontal, petit et carré, rond ou ovale. Paisible et silencieuse, l'atmosphère qui se dégage de ses œuvres m'évoque même quelque chose de zen. Le calme, le moment suspendu, l'équilibre, le fugitif. Peu de portrait. Et des exemplaires plus abstraits, comme une évidence après ce que je viens de voir des paysages. Et cette même atmosphère. Elle évoque Marguerite Yourcenar pour sa manière prodigieuse, selon elle, de sonder les êtres.

Nous revenons à la table près de la cuisine. Nous reprenons du café.
Je suis touchée par ce que je viens de voir. Son travail et son approche me plaisent et m'interpellent. Je sens que je veux en savoir plus sur ce travail. Et ce parallèle qu'elle évoque souvent entre l'acte de creuser la plaque à graver et descendre en soi, se creuser, pour atteindre la sincérité, être vrai. Des traits exprimés avec une grand sincérité. Graver, c'est creuser des sillons en soi, aller au la rencontre de soi...
Nous terminons note conversation sur l'autobiographie (3) et, le kendo, art martial japonais héritier des samouraïs. Elle en a pratiqué longtemps. Fascinée par la force qui s'en dégage, l'attention portée sur le regard, mais également le danger inhérent à cette pratique.

Je reprends la route vers Bruxelles. Avant cela, Ikko me dit au revoir et pleure un peu. Je salue Simone, elle retient ma main avec un large sourire.


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(1) "Le dossier Yourcenar", Le Magazine littéraire n°550 (décembre), pp. 66-97.
(2) Un kōan, une courte phrase ou brève anecdote absurde ou paradoxale utilisée dans certaines écoles du bouddhisme zen comme objet de méditation ou pour déclencher l’éveil (Wikipedia).
(3) Philippe Lejeune et l'association pour l'autobiographie et le patrimoine autobiographique (créée en 1992). Marguerite Yourcemar a également pratiqué "l'autobiographie de fiction" (voir dossier du Magazine littéraire).


Premier jet de notes, entre Ostende et Bruxelles, jeudi 21 mai 2015, 19h36. Coryse Mwape Dolin

Photos et vidéos de la prochaine rencontre, bientôt sur le Blog ! A suivre ...

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Photographies #Coryse Mwape Dolin, 2015
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21/05/15, C.M.D.

Posted by Coryse Mwape Dolin on jeudi 21 mai 2015
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